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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2011-02-22 | [This text should be read in francais] |
Jean-Paul GAVARD-PERRET
Université de Chambéry Très (trop ?) longtemps Frosin a douté de lui. N’en doute-t-il pas encore, lorsqu’il définit une partie importante de son œuvre – celle qui correspond au seuil de son exil intérieur – du terme de « sous-réalisme » ? Il est vrai que le futur (mais déjà ) poète avait de quoi douter. Il attendra la Révolution Roumaine de 1989 (prélude de celles qui relie aujourd’hui les rives sud de la Méditerranée) et la chute de Ceausescu pour véritablement s’engager en poésie. Mais on ne lui fit pas de cadeaux. « Mes quelques poésies roumaines prêtaient au rire » avoue-t-il humblement et il se sentait ridicule auprès de ses amis qui lui conseillèrent d’arrêter d’écrire… Frosin ne demanda pas aux autres de se charger de ses (faux) amis. Il rêva, puis cultiva et donc réalisa un nouveau pari : écrire dans une langue foraine : le Français. Commença la véritable élaboration de son œuvre. Elle est donc inscrite sous le sceau d’une poésie d’exil. Libéré de la langue maternelle et du joug paternel du dictateur, l’écriture pris son envol. Frosin surgit de sa gangue selon un jeu de bande que d’autres poètes connurent tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la Roumanie. Cioran dans le premier cas, Beckett dans l’autre suffisent à le placer en bonne compagnie. Cette liberté d'expression ne lui a pas accordé pour autant la liberté intérieure. Frosin demeure un poète partagé. Néanmoins, c’est ce qui fait sans doute le ferment de son œuvre et tout l’intérêt pour le lecteur. Voué à cet exil intérieur, l’auteur est resté en Roumanie. Il est demeuré profondément Roumain et fier de l’être, mais il a « choisi » (nous y reviendrons) d’écrire en français. Ce qui ne le réduit pas pour autant à l’état de schizophrène. Paradoxalement, même cette schize, cette césure linguistique ont peut-être confirmé l’auteur dans son identité la plus profonde et sans doute marqué d’une douleur (dont il ne parle pas), mais qui est consubstantielle à son caractère, son émotivité et sa réactivité (l’une va rarement sans l’autre) à fleur de peau. Pour autant, le poète n’a rien d’un missfit (un désaxé). Cette figure est d’ailleurs une vision plus romantique que réelle. Mais dont l’histoire littéraire aime à s’en porter (à tort) garante. L’exemple de Baudelaire en reste un exemple patent : derrière le prétendu fou, le sage n’était pas en sommeil. Il en va de même pour Frosin. Et ce, même s’il n’a pas choisi la langue française. On peut affirmer - et le poète en a conscience - que dans ce processus d’abandon et de mûrissement, la langue l’a choisi. Il y eut là un coup de foudre réciproque. Ce que la langue française a accordé au poète, ce dernier le lui a largement rendu et ne cesse de le prouver tant sur le plan de la littérature que de l’engagement culturel, donc politique. De ce rendez-vous « amoureux », les deux sortent grandis. Frosin est devenu l’un des séducteurs les plus amoureux de ses charmes linguistiques, mais aussi son éminent passeur. Ajoutons que, contrairement au coup de foudre entre deux êtres, celui qui unit un être et sa langue, ne finit pas mal, en général. Qu’au moins Frosin soit rassuré sur ce point ! Il a encore de beaux transports amoureux devant lui ! Jean-Paul Mestas ne savait pas si bien dire en 1991, sur le no. 41 de sa célèbre revue : Les Cahiers de Poésie Jalons : "En tant que poète, Constantin FROSIN s’exprime directement et uniquement en français, c’est dire l’aspect original d’une personnalité dont Constantin Crisan s’est fait le porte-parole. (…) En définitive, il n’est pas imprudent de dire que la poésie roumaine tient là (en Constantin FROSIN, N. N.), une de ses valeurs en marche" (p. 26). Denis EMORINE écrivait en 1995, dans la Préface du livre Mots de Passe de notre poète : "Roumain par naissance, Français de cœur par l’adoption d’une langue et d’une culture qu’il connaît et pratique à merveille, tel est Frosin. Ces deux données imprègnent sa poésie, en constituent la richesse par le syncrétisme. En un mot, l’équilibre lié à l’harmonie stylistique. De fait, de nombreuses allusions à Apollinaire, Baudelaire, Verlaine, Prévert… parsèment Mots de passe. La confrontation entre ses deux cultures, même cautionnée par Apollinaire, ne se produit pas sans heurts pour Frosin. (…) Détournements féconds qui créent toute la force et l’inspiration de Constantin Frosin puisque, suscitant notre admiration, il utilise la culture française comme une arme rhétorique. (…) Il faut enfin saluer en Frosin l’orfèvre du jeu sur la langue. (…) Ce dédoublement imprègne Mots de passe à des degrés divers : de cet échange, souvent conflictuel, entre le cœur et la raison, naît l’œuvre qui intrigue le lecteur pour mieux le séduire". (éd. L’Ancrier, Strasbourg, 1995, p. 5 – 7). Louis DELORME, dans la Préface à notre livre : Ce Peu qui est Tout (La poésie de Constantin FROSIN), éditions le Brontosaure, Paris, 2009), confirme les affirmations précédentes : "On connaît Constantin Frosin comme un brillant défenseur de la francophilie et francophonie, les deux allant bien ensemble. (…) Constantin FROSIN est un maître de notre langue. Est-ce à dire que notre langue lui serait devenue maternelle ? Certes non ! Mais plus que cela, essentielle, c’est sûr. Essentielle pour aller chercher au fond de soi, dans les différentes couches que nous abritons, non pas des réponses, puisque on les sait par avance illusoires, mais pour au moins pratiquer ce double jeu du ça et du soi : cette introspection onirique et narcissique qui constitue la principale préoccupation du lettré. (…) Il fait honneur à notre langue et à notre culture, dans un temps où celle-ci est souvent galvaudée par ceux qui devraient en être les premiers défenseurs". (p. 5 – 7). Moi-même, j’écrivais en 2009 (et je m’en félicite) : "Sa poésie est plus complexe que la vie. Ses mots ne se réduisent pas à une simplification de la vie, mais à son approfondissement, afin de voir, d’entendre de quoi c’est fait en une aventure plus démesurée qu’il ne semble, sauf à prendre le langage pour un pur outil de communication « rationnel », outil qui veut faire abstraction du manque et du tourment que tout langage poétique ne peut que constituer – sinon à se parodier lui-même". (in Ce Peu qui est Tout, éditions le Brontosaure, 2009, p. 26). L’auteur est donc un modèle de la littérature qu’on nommera migrante. Elle lui permet de passer d’un exil muet à un exil linguistique qui produit un paradoxe étrange - puisqu’il fait le jeu de la proximité avec son pays, comme il crée le jeu du lointain, quant à sa vie intérieure. Mais sur ce plan, on n’y peut rien changer. Beckett déjà cité, en demeure un exemple parfait : le français lui a permis de sortir de tout. Tout, sauf évidemment ce qui aurait été existentiellement le plus important : les affres de sa vie intérieure la plus profonde. Un évident respect ne peut permettre d’en dire plus sur le cas de Frosin. On n’est pas devant lui comme un médecin légiste à la recherche de blessures affectives. D’autant que le poète est bien vivant. Certes, il ne se fait pas d'illusion sur la puissance de la poésie et de la littérature. Elle est donc pour lui à la fois "le zéro et l'infini". Elle est ce qui peut justifier une existence par le déplacement et les voies qu'elle propose. Affectivement (pour son auteur), de peu d'emprise, elle crée néanmoins un lien majeur avec les hommes et le monde. Et qui plus est, lorsqu'elle se dégage du lien maternel, par ce qui devient une forme de rupture œdipienne. En cela le voile de la langue foraine ne cache pas, au contraire. Son dispositif tient d'un dévoilement. Ce langage second ou tiers, en devenant sillon maître, permet de sortir du mutisme ou de ce qui en est proche (à savoir le soliloque) pour ouvrir un passage. Il permet aussi bien le rire que la dérision, afin de venir à bout de bien des visions martyres, des fantasmes funestes et des cœurs vulnérés. Le français permet à Frosin d'insérer du fétiche dans le fétiche pour le rendre plus évident. Il permet aussi de créer un miroir particulier où l'être se dé-contextualise pour entrer non dans un univers parallèle, mais plus profond. Dans les textes francophones du poète, d'autres Frosin se mettent à croître et à se multiplier. C'est pourquoi la "fantasia", la" furia Francese" de l'auteur sont tout, sauf une plaisanterie. Il s'agit de l'essence même, de l'enjeu de sa quête et de sa découverte. Le français permet de parler (drôlement) d'un désastre qui, soudain n'est plus roumain et personnel: il devient universel. Au moment même où écrire en une telle langue revient à s'accepter comme étrange à soi-même, mais aussi d'affirmer un pouvoir sur soi. Ecrire de manière foraine revient pour le poète à sinon atteindre son propre fond (est-ce que d'ailleurs un être en a un ?) mais de cerner les inconnus dans sa maison. Cette transgression langagière permet - par l'acquisition d'un "b-a ba" - une pensée sans trouble avant de l'accueillir alors que, dans la langue mère, le poète ne pouvait troubler les pensées qui l'assaillaient. Le passage d'une langue à l'autre offre une expression première. Elle déterminée une pensée en dehors de la terreur paralysante. C'est donc à la fois une lucidité et un oubli aussi bienfaisants que précaires. Ils permettent de formaliser ce qui, pour Frosin - sans ce recours - n'aurait pu se faire. Ce déplacement représente la plénitude expressive d'un conflit où la perte et le manque peuvent sortir d'une expression déjà formulée. Frosin, grâce au français et son écart, a donc trouvé non un écartèlement, mais la juste distance. La langue "étrangère" est donc peut-être la seule à dépasser la limite de la pensée, et le cas de Frosin (comme ceux des Cioran et Beckett) reste capital. D'autant qu'avec le premier, un fait majeur le tient : il reste un exilé de l'intérieur. Cela demeure plus intéressant et rare. Cela crée sans doute un trouble différent de la pensée dans ce jeu de rapport entre éloignement et proximité. On peut alors penser au même transfert que celui en action chez Kafka. La souffrance ne connaissant peu de mots au sein d'une langue maternelle forcément culpabilisante, la foraine permet le surgissement de l'irrationnel. Elle ne dit pas le simple "perte de la tête". Elle dit plutôt la tête majorée par son changement de logiciel linguistique. La tête qui s'augmente de son manque dans ce qu'une langue apprise garde d'incertitude et qui oblige celui qui l'utilise à ne pouvoir se glorifier et s'ériger en chef. Cette langue permet d'approcher le mystère de l'être dans le propre mystère qu'elle contient pour celui qui s'y engage. Frosin a donc remplacé une ténèbre par une autre. Celle-ci s'est imposée par une nécessité intérieure et afin qu’un "fiat lux" s'y produise. Sortant du piège de la langue maternelle et du silence où elle faisait plonger le poète, celui-ci s'en est plus ou moins inconsciemment soustrait. Il a quitté la banalité d'écriture pour le "Wiz" surréaliste par lequel il s'est engagé - sur le mode du déplacement, du divertissement - à beaucoup plus qu'il ne le croyait en commençant. Ce qui pouvait être de l'ordre, au départ, du saugrenu permet à Frosin de se débarrasser non de ses soucis, mais de son empêchement. Il a compris ce qu'avant lui, Rilke avait imaginé : le poète n'est poète que par la familiarité avec le non familier. Il devient alors non seulement "doublement mortel" comme le disait le poète allemand, mais doublement vivant. Entrer dans une autre langue ne permet plus d'avancer "grimé" : au contraire. Il s'agit de s'effacer pour atteindre ce qui ne se pense pas et qui est de l'ordre du "pleurement sans larme et du rire sans éclat" ( Maurice Blanchot). Les dérapages vers une langue foraine représentent ainsi un substitut à laquelle il faut renoncer dans la vie réelle, et ce même s'il n'est pas impossible que cette dernière soit la vie même. Tout poète travaille dans ses ténèbres. En elles, il fait ce qu'il peut. Mais grâce au français Frosin donne tout le possible. Son doute devient sa passion, sa passion sa tâche d'écriture. On peut nommer cela la passion de la poésie, la passion Frosin. Cela ne possède rien de pathétique ou d'orgueilleux : c'est un aveu. Entrant dans le langage français, Frosin ne cesse de franchir la ligne, de passer la frontière afin d'offrir non des points de vue, mais d'écriture sur l'existence. Il utilise toute son énergie afin de se débattre avec lui-même et pour échapper aux pièges de l'auto-séduction. Le poète cherche en ses tréfonds la vie comme puissance du dehors. La première se heurte à bien des résistances c'est pourquoi l'humour, la drôlerie demeurent des moyens majeurs (mais pas le seul bien sûr) afin de court-circuiter ces résistances. Cela évite de mettre du cortège dans ces re-présentations. La langue française prend donc pour le poète, une valeur de ferment de singularité comme d'universalité. C'est pourquoi son œuvre nous passionne. L'auteur, à travers ce langage, soumet sans cesse l'altérité à une critique radicale par l'intériorité, comme il soumet son intériorité à l'altérité. Il nous apprend ainsi deux choses aussi parallèles qu'essentielles. Notre dedans est toujours plus profond que ce que l'on prend pour notre monde intérieur conscient. Notre dehors est toujours moins lointain que le monde extérieur. De plus, l'œuvre de Frosin reste une perpétuelle mise en abyme. Elle dit comment la poésie "étrange" le monde au sein même d'une langue qui se déconstruit afin de se reconstruire selon d'autres plis. Elle met à l'extérieur l'intérieur et l'intérieur dans l'extérieur. Bref, elle propose le désenclavement en un mouvement de dédoublement et non de redoublement. Frosin, pour trouver l'autre en lui, ne repasse plus les plis de sa propre langue. Le français lui permet d'en décoder les vagues et les strates, dans un rapport de force avec lui-même, dans le pouvoir de s'affecter lui-même. D’où la sauvagerie, le monstre que produit une œuvre qui explore le rapport qui désunit et le non rapport qui rapproche. Pour Frosin, qu'est-ce donc qu'écrire sinon faire parler l'autre en soi et qui, sans le détour forain, serait resté muet ? Preuve s'il en était besoin, que sa poésie reste le plongé en l'inconnu. Preuve aussi qu'il existe toujours un autre et un autre de l'autre en un auteur. C'est pourquoi à la perception, à l'histoire, le poète préfère sa propre précipitation dans l'inconnu. Pour lui, il se peut bien qu' il n'existe pas de refuge sinon celui de la littérature. Mais il a mis à mal ce refuge en le faisant exploser par la dynamite et la dynamique de la langue étrangère. Le théâtre mental de l'auteur est donc habité d'un rythme et d'une arythmie. Elles représentent la reconquête de l'homme sur son destin. Face au "manque essentiel" dont parlait l'Ecclésiaste, Frosin envoie ses coups de tonnerre et de sabre. Dans sa transfiguration et sa translation, il permet de s'approcher de son insaisissable. Régisseur du peu, le poète impose par ses textes des pertinences d'indices nouveaux. Que demander de plus ? Que demander de mieux que ce "climax" linguistique qui devient, non pas une compensation du réel, mais une sorte d'envers du déco en un jeu déplacé entre l'homme et le monde, l'être et le néant. Sortant du point zéro d'une langue qui le clouait mais demeurant dans son territoire, il trouve ce point limite où il peut enfin parler. Le français l'ouvre donc à une parole ascendante. Ne trouvant pas ses mots, il les a cherchés ailleurs. Entre deux points de douleur, il a trouvé sa voie. D'une certaine manière, cette langue l'a sorti de sa crise d’identité en lui promettant cette sorte d'indéfini qu'un tel transfert provoque. Le "je" put enfin s'attribuer la poésie. Elle reste pour lui le moyen de se requalifier et de se dés-assujettir. Son "mauvais dire" trouva donc des accords et désaccords nouveaux. L'inné fut transcendé par l'acquis. L'auteur fut ainsi porté par une énergie trans-linguistique. Preuve que la langue poétique n'est jamais celle d'un patrimoine ni l'espérance d'une universalité abstraite. Elle est la rupture d'un dire qui ne pourrait se dire. Sans elle, il n'y aurait eu que le silence. Ainsi, ce qu'il y a parfois de dur et de rude chez Frosin et de parfois dévastateur, reste le signe d'une exigence nécessairement intempestive, la brisure rythmique, le besoin d'aller de l'avant qui récuse tout arrêt. On pressent toujours (à l'exception de textes officiels où la mesure est de mise) une liberté, une véhémence (qui n'exclut pas la douceur), un sentiment de révolte aussi perpétuel contre toute intolérance. En ce sens, Frosin est l'éternel migrant de l'intérieur. Il prouve que l'évasion passe par d'autres chemins que celui des frontières géographiques. Elle passe par l'étrangement de la langue qui oblige à renoncer aux certitudes comme aux fausses témérités. L'œuvre est donc la négation et l'affirmation de la langue. Et la duplicité : territoire maternel et langue étrangère, crée un bouleversement particulier, un cheminement passionnant. Elle crée une liberté de penser et un équilibre particulier. Frosin est donc l'enraciné déraciné - ou le déraciné enraciné. Cette "altération" donne à l'œuvre et à l'homme toute sa puissance et son autonomie. Certes, l'auteur sait qu'on ne guérit pas de sa vie. Ou si l'on veut être plus précis : on ne guérit pas de sa mère, de sa langue, de sa terre. Leur deuil est impossible. Mais choisir de changer de langue permet, comme le disait Beckett : "d'éviter le laïus". C'est la nouvelle peau d'une langue qui ouvre Frosin à une pulsion étrange et qui permet d'ouvrir le cerclage premier. Cette folie foraine permet de détruire une "loi" de dévastation dans laquelle le poète ne pouvait s'estimer qu'à l'aune d'un certain néant. Le français lui permet de vivre loin de cette "vérité", elle offre au poète un destin et une méditation sans limite. Contre les préjugés et les pré-requis du verbe premier, est apparu un pendant de lumière remonté de la nuit personnelle de l'auteur. Au tréfonds de lui, il ignore jusqu'à son phénomène et sa manifestation. Le français est devenu ainsi une prise de conscience - comme si la langue créait la pensée et non l'inverse. Preuve que déplacer la langue revient à déplacer la vie. Au roumain-miroir fit place une langue de réflexion capable de produire de l'inexprimable. L'émotion soudain ne fut plus suspecte à l'existence. Elle y trouva une voie d'accès. Le "geste" poétique de Frosin permet d'atteindre au plus profond de l'être. N'est-ce pas là la liberté véritable, réalisée, vivante et vibrante d'affects et d'intelligence ? Il se peut que ce transfert permette aussi de sauver la conscience de son antagonisme avec la vie en faisant de sa froide clarté une lumière vivante. Mais sur ce point, Frosin reste le seul à pouvoir répondre. Notes sur l'auteur de cet article: né en 1947 à Chambéry, Jean-Paul GAVARD-PERRET poursuit une recherche et une réflexion littéraires ponctuées d’une vingtaine de livres de textes brefs et d'essais. Les plus récents : « Donner ainsi l’espace » (La Sétérée), "Porc Epique" (Le Petit Véhicule), « La mariée était en rouge » (éditions du Cygne), "Cyclope" (éditions de l'Atlantique), "Samuel Beckett, l’imaginaire paradoxal et la création absolue" (Minard), "L'Image est une chienne" (L'Âne qui butine), "Missfits" (V. Rougier). Il produit actuellement une série d'interview d'artistes. Docteur en littérature, Jean-Paul Gavard-Perret enseigne la communication à l’Université de Savoie (Chambéry). Membre du Centre de Recherche Imaginaire et Création, il est spécialiste de l’Image au XXe siècle et de l’œuvre de Samuel Beckett. Poète et critique, il collabore à de nombreuses revues dont Passage d’encres, Les Temps Modernes, Esprit, Verso Art et Lettres, Champs visuels, Communication et Langage par exemple. Auteur de quelques centaines de chroniques, recensions, analyses critiques, publiées sur bon nombre de revues ou en volume. |
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