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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2005-01-21 | [This text should be read in francais] | « Quand on a le souffle pur, disait mon père, on peut autour de soi éteindre les plaies comme des lampes. » Mais je ne savais pas. Je disais: « Si on éteint les lampes, papa, on n'y verra plus. » « C'est assez juste, répondait-il, les plaies éclairent. » (Jean Giono, Jean le bleu ) « Si je ne brûle pas, si tu ne brûles pas, si nous ne brûlons pas, Comment les ténèbres mèneront-elles à la clarté… ? » (Nâzim Hikmet, Il neige dans la nuit) Parfois la poésie, (je suis bien, là avec Giono dans la mèche fumeuse de la lampe, lui avec sa couverture écossaise sur les genoux), touche la plaie et la lumière. Ce sont les mêmes mots que ceux de Nâzim qui remontent du fond de son puits la clarté des ténèbres. Ici, en soi rien n’est comparable, si ce n’est l’immobilité. Giono dans sa tour d’ivoire de Manosque, prisonnier volontaire du lieu, sondé au plus vaste et Hikmet dans les neiges du temps, ses mille cellules, tous deux avec leur torche de mots dans la lenteur de la tempête. Dans l’image, la fenêtre est ouverte une pleine nuit à verse que la chaleur disperse. Le chemin s’éboule dans sa trace avec les lendemains. Dans l’image, la fenêtre est fermée, je ne suis plus dans le même temps du regard. S’éclairer de sa propre plaie, l’étreindre pour l’éteindre, s’y brûler.
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