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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2015-04-23 | [This text should be read in francais] | Submited by Guy Rancourt Le jardin me disait : « Ne pars pas, car mes fleurs À ton retour seront fanées. » Et les arbres vers moi s’inclinaient tout en pleurs Ô floraisons abandonnées ! La maison me disait : « Ne pars pas, car l’oubli Prendra ta place après une heure. » Quand j’ai tourné vers elle un visage pâli Elle criait encor : « Demeure ! » L’Océan me disait : « Ne pars pas, mes flots bleus Ont une invincible magie, Rien ne reposera tes yeux errants, tes yeux Qui pleureront de nostalgie. Le pays me disait : « Ne tente pas le sort, Ton faible cœur encor palpite. S’il s’arrêtait pourtant… Ne crains-tu pas la mort Tu pars si loin, tu pars si vite ! » Une autre voix plus douce encor disait tout bas Au moment de l’adieu suprême : « Si tu ne revenais jamais ! oh ! ne pars pas ! Ne t’en va pas puisque je t’aime. » Et cependant j’ai fui… Mais ces lointaines voix Ainsi que de plaintives cloches Éveillant dans mon cœur les échos d’autrefois Me poursuivent de leurs reproches. Par pitié taisez-vous. Oh ! oui je vous aimais D’une tendresse inassouvie Oui, je vous ai quittés, mais je pleure à jamais Et la coupable c’est la vie ! (Jeanne Neis-Nabert, « Poèmes » in Silences brisés, 1908, pp. 31-32)
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