Tu m’as appelé
pour que je vienne chez toi au bord de la mer

pour t`écouter et pour te comprendre quand tu te taisais...

C`était elle qui parlait. La mer.
Tu me serrais seulement dans tes bras sous le ciel nocturne, piqué par des lumières criantes et froides...

Et je t’avais entendu jeter une pierre dans l’eau. J`avais deviné alors la profondeur de ton silence au rivage...

Et je t’avais entendu en trouvant, parmi des pierres polies et des algues, des bagues en coquillages cassés.

Et je t`avais entendu en comptant les navires ancrés au large de la mer.

Et je t’avais entendu quand tu cherchais ton étoile et quand nous nous demandions d’où est apparu un renard juste à côté du ponton...

...comme celui du Petit Prince...

...préoccupé, rusé, hâtif...

Il était le miroir de tes pensées.

Tu as des yeux cachés comme des coquilles qui apprennent à voir.

...et de grandes paumes chaudes
avec lesquelles tu m`as donné une tasse au café chaud
à l'aube.

J`ai des vécus battues, au présent, par les vagues...
...un ponton inachevé ou peut-être en construction...

sans rivage
sans fin
sans sens

Qu’il y ait fin ou commencement dans ce moment-là où je t’avais vu grandir du sable, des rochers, des vagues, abrupt et seul, dans mes yeux ?

...j’ai encore de fines coupures sur ma semelle...
...des souvenirs de la marche sur la plage….