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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2008-11-08 | [This text should be read in francais] | Submited by Guy Rancourt
Est-ce ma route ? Soit. Pour aujourd’hui
Je la suivrai jusqu’à la nuit. Au petit jour, demain, si je me suis trompée, Un Carrefour viendra. La flèche ou l’écriteau diront bien quelque chose Et tant pis pour la route où fleurit une rose. Les roses sont coupées. La Vierge aura ce soir un brin de réséda Sur son petit pied noir de vierge en bois d’Espagne. Elle a des fleurs par tous les temps La vierge des routiers dans la campagne. Sa niche les abrite et leur prière y brille Comme une lampe de couleur. Notre-Dame des Champs, Notre-Dame des Villes, Priez pour nous, pauvres pécheurs. Et le Calvaire aussi met sur la route - Une des quatre, ou sur le carrefour - La pitié de ses bras ouverts. Le sentier rocailleux et vert Où passèrent les diligences Et la route blanche du bourg Et celle du pont rouge où court Le ruisseau de Sainte-Innocence Et celle à qui toujours s’ajoutent Des embranchements sans poteau. Des routes, des routes, des routes… N’avons-nous pas choisi trop tôt ? La mienne se perd dans les sables. Je voudrais savoir où se perd Le bout du chemin muletier Que l’on ne voit jamais l’hiver. Ah ! sous les mélèzes d’été Le soleil a glissé peut-être Les clefs d’or de la Liberté. Le jeune écureuil les grignote. Le vieil écureuil s’en méfie. - Vit-il des cages aux fenêtres ? Les hommes chantent à voix haute Le long des routes carrossables. La route que j’avais choisie Était une route de sable. Devait-elle devant la mer Cette route jaune et friable Se perdre au galop des marées Comme au galop du vent se fond dans le desert La piste des gazelles ? J’ai perdu sa trace nacre Comme un filet d’eau dans le sable. Et la route des oasis Après les minarets, les gourbis et les tentes, C’est un autre pays qu’on traverse avec elle, Un pays loin d’ici. La route de ce soir n’a qu’un oiseau qui chante, Un oiseau tout modeste et gris et sans souci Qui n’émigre jamais vers un ciel inconnu. Lorsque le petit jour, demain, sera venu, Oserai-je quitter l’oiseau de ce pays ? ( Chemins par Sabine Sicaud, in Maintenant no 7, octobre 1947, pp. 27-28 )
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