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Ces passions qu\'eux seuls nomment encore amours
poetry [ ]

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by [Paul_Verlaine ]

2006-07-15  | [This text should be read in francais]    |  Submited by Valeria Pintea



Ces passions qu'eux seuls nomment encore amours
Sont des amours aussi, tendres et furieuses,
Avec des particularités curieuses
Que n'ont pas les amours certes de tous les jours.

MĂȘme plus qu'elles et mieux qu'elles hĂ©roĂŻques,
Elles se parent de splendeurs d'Ăąme et de sang
Telles qu'au prix d'elles les amours dans le rang
Ne sont que Ris et Jeux ou besoins Ă©rotiques,

Que vains proverbes, que riens d'enfants trop gùtés.
- " Ah ! les pauvres amours banales, animales,
Normales ! Gros goûts lourds ou frugales fringales,
Sans compter la sottise et des fécondités ! "

- Peuvent dire ceux-lĂ  que sacre le haut Rite,
Ayant conquis la plénitude du plaisir,
Et l'insatiabilité de leur désir
Bénissant la fidélité de leur mérite.

La plénitude ! Ils l'ont superlativement :
Baisers repus, gorgés, mains privilégiées
Dans la richesse des caresses repayées,
Et ce divin final anéantissement !

Comme ce sont les forts et les forts, l'habitude
De la force les rend invaincus au déduit.
Plantureux, savoureux, débordant, le déduit !
Je le crois bien qu'ils l'ont la pleine plénitude !

Et pour combler leurs voeux, chacun d'eux tour Ă  tour
Fait l'action suprĂȘme, a la parfaite extase
- TantĂŽt la coupe ou la bouche et tantĂŽt le vase -
Pùmé comme la nuit, fervent comme le jour.

Leurs beaux Ă©bats sont grands et gais. Pas de ces crises
Vapeurs, nerfs. Non, des jeux courageux, puis d'heureux
Bras las autour du cou, pour de moins langoureux
Qu'étroits sommeils à deux, tout coupés de reprises,

Dormez, les amoureux ! Tandis qu'autour de vous
Le monde inattentif aux choses délicates,
Bruit ou gßt en somnolences scélérates,
Sans mĂȘme, il est si bĂȘte ! ĂȘtre de vous jaloux.

Et ces réveils francs, clairs, riants, vers l'aventure
De fiers damnés d'un plus magnifique sabbat !
Et salut, témoins purs de l'ùme en ce combat
Pour l'affranchissement de la lourde nature !

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