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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2013-04-16 | [This text should be read in francais] |
Le grain de sable
Julien est un malfrat de petite envergure qui vivote d’escroqueries minables. Un jour, lassé des moqueries de ses amis, des voyous plus habiles que lui, il décide de passer à la vitesse supérieur. Pour cela il compte bien utiliser un don personnel qui jusqu’à présent ne servait qu’à amuser son entourage. Julien n’a pas son pareil pour maquiller sa voix et changer d’apparence physique. Pendant une semaine, il met au point un plan qui, selon lui va lui rapporter gros et par la même occasion le réhabilitera auprès de ses amis. La première étape de son plan est de rencontrer un jeune homme ou une jeune femme de son âge avec qui il aurait quelques ressemblances afin de masquer sa propre identité et de s’approprier celle de cette personne. S’assurer que cette personne dispose de revenus confortables est la deuxième condition. Pour ces recherches, Julien se déguise en homme d’affaire, costume sombre, porte document bien rempli, visage maquillé et perruque, c’est ainsi qu’il rencontre Stéphanie. Une jeune femme très sympathique, qui de plus partage la même passion que lui pour le cinéma. Julien s’est inventé une profession, il est agent immobilier. Stéphanie est célibataire et gagne confortablement sa vie avec son salon de coiffure. La seconde étape est de se procurer exactement la même voiture que Stéphanie, une Laguna grise. Ceci dans le but de se confondre avec sa victime et d’éviter que l’on ne remonte jusqu’à lui, en cas de contravention, par exemple. Une chance pour lui, ce type de voiture est assez courant et Julien n’a aucun mal à s’en procurer une identique. Bien sûre, il lui donne la même immatriculation que celle de Stéphanie. Le problème c’est que son compte en banque a souffert, mais bon, si on veut réaliser un vrai coup, il faut s’en donner les moyens. Julien parle souvent à Stéphanie de son métier d’agent immobilier, en insistant le plus possible sur les bonnes affaires réalisées par certains de ses clients, notamment des investisseurs. Et un jour… --- Dommage que j’ai pas cent mille euros de disponible, dit Julien, il y a un coup incroyable à faire. C’est un notaire qui s’est fâché avec ses enfants et qui veut liquider tous ses biens avant de mourir, je pense qu’il n’en a plus pour longtemps. Pas de chance pour moi, je viens tout juste d’acheter une villa en Espagne et je n’ai plus du tout de liquidité. --- Il s’agit de quoi, demande Stéphanie, curieuse ? --- Un appart aux champs Elysées, trois pièces, balcon, salle de bain…cent mille euros. Pour l’instant, je n’en ai parlé à personne, un bien qui pourrait se négocier dans les trois ou quatre cent mille euros. C’est une affaire unique et ça me ferait plaisir d’en faire profiter quelqu’un de proche. Si t’es intéressée, t’as trois cent mille euros de bénef à te faire… Comme ça, en une journée! Stéphanie réfléchit, porte sa main gauche à sa tête, en extrait une fine mèche de cheveux et la tortille comme une vis sans fin. ---Tu dis cent mille euro ? Ça peut se faire… Et on peut le voir cet appart ? --- Bien sûr, c’est moi qui ai les clés. Tout de suite si tu veux, de toute façon, demain sera il sera trop tard. --- Alors go, on y va ! dit Stéphanie. --- Tout de suite si tu veux, mais prends ta voiture, la miennes est au garage. Julien pousse la porte de l’appart. Stéphanie arrondit ses gros yeux amendes à se faire exploser les orbites et reste un instant immobile, droit comme un i, les bras collés le long de sa jupe serrée. --- Cent mille euro un appart comme ça, mais c’est dingue ! --- Il faut que je te prévienne, le vieux est un bizarre et un tordu, il m’a dit cinquante mille lors de la signature du compromis en liquide et cinquante mille à la vente définitive. Et en plus il veut faire la vente lui-même et ici même le vieux, tu vois qu’il est bizarre ! ---Et il les faut pour quand ces cinquante mille ? --- Le plus rapidement possible, et avant qu’il ne change d’avis, on ne sait jamais, le vieux est tellement imprévisible. Une fois le compromis signé, t’es tranquille. Quelques jours plus tard, Stéphanie disposant de la somme en liquide, téléphone à Julien pour qu’il lui arrange un rendez-vous avec le notaire. Mais en réalité, le Notaire, c’est Julien lui-même. C’est à ses yeux la partie la plus risquée de l’escroquerie, car à présent Stéphanie le connaît bien et il va falloir jouer serré. Stéphanie se rend à l’appart. Julien, méconnaissable dans son nouveau déguisement n’en mène pas large, il pousse sa voix dans des tonalités qui frisent le ridicule. Une perruque de longs cheveux gris et un vieux costume bleu à ligne récupéré dans une brocante lui donne l’apparence d’un personnage sorti d’une bande dessiné des années cinquante. Après des présentations sommaires, le notaire sort un épais dossier, prétexte un rendez-vous urgent pour en finir au plus vite et fait signer les documents qu’il a préparés. Stéphanie remet les cinquante mille euros au notaire, quitte l’appartement munis des documents et essaie vainement de joindre Julien au téléphone. Soulagé que tout se soit passé comme prévu, Julien ôte son déguisement ridicule et n’a d’yeux que pour la mallette qui contient les cinquante mille euros. Par prudence, il ne revêt pas l’habit que Stéphanie lui connaît. A partir de maintenant, Stéphanie n’existe plus pour Julien. Il le regrette certes, car ces derniers jours, il sentait germer en lui une attirance pour cette jolie brune. Il est temps que tout cela se termine, pense-t-il. Et il met une fin brutale à cette brève rêverie, se ressaisit, prend la mallette dans ses bras et l’embrasse comme un être cher. Puis, fou de joie et quelque peu euphorique, Julien va jusqu’à sa voiture, cache la mallette sous le siège et se rend à son bar habituel. Il ne prend même pas la peine de se garer correctement, après tout, qu’importe s’il se prend une contravention, d’une part la voiture est sensée appartenir à Stéphanie et de toute façon, à présent il a de l’argent. Il commence par payer une tournée générale, puis offre un whisky à chaque personne qui franchit la porte du bar et le connaît. Ne voyant pas l’heure passer, il est 22 heures quand il décide de partir. --- Une minute, dit-il au patron, je vais à ma voiture chercher de quoi te régler. Julien balaie le trottoir des yeux à la recherche de sa voiture. --- Mais où qu’est ma bagnole ? Dit-il à haute voix, c’est ici que je l’ai laissée! Il n’y tient plus, et inutile de regarder cent fois au même endroit, elle n’est plus là  ! Il s’est fait voler sa voiture avec les cinquante mille euros sous le siège ! Stéphanie, elle aussi, va de catastrophe en catastrophe. Elle ne met pas longtemps à comprendre qu’elle s’est fait escroquer. Les différents numéros de téléphone dont elle dispose étant tous faux, elle décide de retourner à l’appart. Mais là , une surprise l’attend. Elle compose le code d’entrée de l’immeuble et se rend jusqu’à son appart. Elle sonne. Une femme vient lui ouvrir. Elle dit qu'elle rentre de voyage et ne comprend rien à son histoire et que son appart n’a jamais été à vendre. Elle dit aussi qu’elle voyage beaucoup et passe par une agence pour louer son logement pendant les déplacements prolongés, souvent une ou deux semaines. Elle insiste bien sur le fait qu’elle n’a effectuée aucune démarche pour vendre son bien. Stéphanie rentre chez elle complètement sonnée et abattue par ce qu’elle vient d’apprendre. Elle s’est fait escroquer de cinquante mille euros ! Cependant, une autre nouvelle l’attend. Un courrier lui annonce que sa voiture a été placée en fourrière et qu’elle doit passer la récupérer. Elle ne comprend rien de ce qu’il lui arrive car elle a utilisé sa voiture toute la journée et donc, pour elle c’est sûr, c’est une erreur. Le lendemain, elle téléphone à la fourrière. Un employé lui confirme qu’ils sont bien en possession de son véhicule et qu’elle doit passer la reprendre au plus vite sinon elle devra supporter chaque jour des frais supplémentaire. Elle s’exécute donc et se rend à l’adresse indiquée. Un employé la conduit jusqu’à une voiture qui est en tous points semblable à la sienne et qui a la même plaque minéralogique. Stéphanie examine le véhicule avec attention quand soudain, sous le siège du passager avant, elle aperçoit un morceau de mallette. --- Mais c’est la mallette du Notaire, bon sang ! se dit-elle, et le pire c’est que je n’ai pas la clef. Alors elle se retourne vers l’employé. --- Vous dites que c’est ma voiture ? ---Évidemment que c’est votre voiture ! --- Donc je peux casser la vitre ? ---Si ça vous chante de la casser, c’est votre voiture ! Stéphanie regarde autour d’elle, une barre de ferraille est dressée contre un mur, elle s’en saisit, la lance de toutes ses forces et à plusieurs reprises dans la vitre qui finit par se briser. Puis, elle ouvre la porte du véhicule, se penche à l’intérieur et en retire la mallette. Elle l’ouvre légèrement, mais suffisamment pour constater que son argent est bien à l’intérieur… Julien disparaît de la vie de Stéphanie aussi vite qu’il y est entré, sans laisser aucune trace, comme s’il n’avait jamais existé. Stéphanie se tire à bon compte de cette mésaventure et jure qu’à partir de ce jour, elle sera extrêmement prudente dans le choix de ses amis et ne fera plus confiance à la première personne venue. Jean-Jacques Boquet |
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