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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2013-04-05 | [This text should be read in francais] |
Préface
Cette poésie touche profondément car elle suscite autant de richesses que ce peuple roumain (et ses tziganes) est pauvre : alchimie de la douleur, dirait Baudelaire. Nous sommes sensibles à l’accent de révolte du livre. Ces poèmes sont des actes, puissance de la Parole qui crée un monde, comme le dit la Genèse. Ils sont d’autant plus touchants que leur engagement évite les longs discours, les démonstrations pathétiques qui donnent des leçons : pendant et après la dictature de Ceausescu ces vers font voir ce que beaucoup oublient de regarder, le quotidien cru et cruel de ce peuple à la dérive. Quelques instantanés, qui sont autant de visions révélatrices ont le don des antithèses, des contrastes saisissants, valant mille fois mieux que mille analyses politiques ou historiques. Poèmes courts, vers brefs, raccourcis expressifs, laconisme inspiré. Le style est moderne mais pas obscur, les images parfois surréalistes, mais jamais absurdes. Des termes reviennent, obsessionnels, tels « la boue », le « Christ-Autel », mais aussi les refrains lancinants et, à la fin de presque tous les poèmes, le son [an] - chargé de sang et de sourires innocents. Les mots sont emplis de sens suggérant magnifiquement le renversement des valeurs. Ces Tziganes sont finalement plus humains que ceux qui les déshumanisent, plus dignes que ceux qui ne veulent pas les nommer, plus mobiles et vifs que les carcasses de voitures et les pneus crevés sur lesquels ils se reposent. La couleur des phrases se laisse « lire » : sur fond de rouge et de noir, seuls éclairent les « multicolores mendiants » ! Au fil de la lecture, on comprend combien ces formules qui parlent du Temps font écho à la nostalgie ambiguë que l’auteur nourrit à l’égard de sa Roumanie natale. Ces Tziganes sont l’emblème des juifs déportés, des émigrants du 19ème siècle quittant l’Europe, des Intouchables indiens… En relisant leur quotidien, l’écrivain les relie à bien des situations terrestres, mais aussi à leur patrie spirituelle ! Il nous semble que cette poésie est religieuse en ce sens étymologique qu’elle met en relation les hommes et Dieu. D’ailleurs, l’Avent, l’Arbre-Autel, le Christ consolateur, l’Amour, l’Eternité, l’Arche s’opposent au « paradis apparent » de la modernité et aux idoles, « divinités / Aux regards vides, indifférents ». Et les « exterminateurs / De leurs anges gardiens » rappellent l’Apocalypse, mot qui signifie Révélation… Le Scribe et les visions nocturnes du poème Symphonie ne confirment-ils pas que cette écriture est bien proche de la mission du poète-prophète, du veilleur inspiré ? Montpellier, le 26 juin 2007 Anne et Frédéric Miquel Ecrivains et professeurs Ã
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