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\"Colette, une femme libre\": Marie Trintignant émouvante dans son dernier rôle
article [ Dialogue ]
PARIS (AP)

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by [NMP ]

2004-04-24  | [This text should be read in francais]    | 



Difficile de regarder "Colette, une femme libre", après les tragiques événements de Vilnius. Difficile également de mettre de côté la curiosité et le voyeurisme morbides qui s'attachent à toute disparition violente, comme celle de l'actrice Marie Trintignant survenue lors du tournage de "Colette"...

Moins d'un mois après la condamnation du chanteur Bertrand Cantat à huit ans de prison pour le meurtre de sa compagne dans une chambre d'hôtel à Vilnius (Lituanie), France-2 programme lundi et mardi à 20h55 "Colette, une femme libre", adaptation "librement inspiré" de la vie de l'écrivain française.

Réalisé par la mère de l'actrice, Nadine Trintignant, ce téléfilm en deux parties retrace donc le destin de Sidonie-Gabrielle Colette, dite "Colette" (1873-1954), tour à tour romancière, journaliste, comédienne, danseuse et mime.

On s'attendait à ce que Nadine et Marie Trintignant, co-scénaristes du téléfilm, nous livrent une biographie télévisuelle pleine de fantaisie en mettant l'accent sur la vie si peu conventionnelle de cette grande dame de la littérature française.

Mais les deux femmes ont choisi de ne raconter que les amours de Colette, dont les liaisons, y compris lesbiennes, étaient souvent auréolées d'un parfum de scandale. Avec un parti pris: mettre l'accent sur les trahisons subies par l'auteur, toujours abandonnée par les hommes qu'elle aimait.

Alors, abstraction faite du drame de Vilnius, force est de constater que "Colette, une femme libre" ne propose qu'une adaptation réductrice de la vie de l'écrivain, également desservie par une mise en scène fade.

Il s'en suit une première partie longue et poussive, où Colette, fraîchement mariée au journaliste et auteur Henry Gauthier-Villars dit "Willy" (l'émouvant Wladimir Yordanoff), fait l'apprentissage de la vie parisienne.

Atterrée par les infidélités de son mari volage et neurasthénique, Colette trouvera refuge dans l'écriture et dans les bras de Missy (la méconnaissable Catherine Jacob), avec qui elle entretiendra une relation sulfureuse.

Dans ce premier volet, Marie Trintignant, émouvante et talentueuse, ne parvient pourtant pas à camper avec crédibilité une jeune Colette âgée d'à peine 20 ans. Quant au portrait dressé de l'écrivain, une femme-enfant pleurnicharde, perdue sans son mari, il s'avère bien décevant.

Le second volet du téléfilm correspond davantage à la personnalité émancipée de Colette, tout en offrant une performance plus éclatante de Marie Trintignant: libérée du mariage, Colette prend son envol, signe enfin ses écrits, et rencontre Henry de Jouvenel (l'excellent Lambert Wilson).

L'action, plus rythmée, permet au téléspectateur de suivre avec plus d'intérêt la vie de la romancière: ses représentations théâtrales, ses oeuvres, son mariage avec Henry de Jouvenel, leurs amours, la maternité, puis la guerre de 1914...

La diffusion de ce téléfilm, déjà vu en Belgique et en Suisse, avait été repoussée par France-2 jusqu'à la fin du procès à Vilnius de Bertrand Cantat, le chanteur du groupe Noir Désir.

Les deux parties du téléfilm, de 100 minutes chacune, seront diffusées à 20h55 le lundi 26 et le mardi 27. La deuxième partie sera suivie à 22h30 de l'émission "Recto-verso" avec l'une des dernières interviews de Marie Trintignant avant sa mort, le 1er août 2003.

Pour voir "Colette, une femme libre", il faudra faire face lundi et mardi à la gêne, latente, et à la tristesse, profonde, qui émane du film, où certaines phrases de Colette-Marie prennent des accents douloureux. Comme celle-ci, l'une des premières du téléfilm: "j'avais connu l'amour avant; que l'amour est compliqué, tyrannique, et même encombrant..." AP

kb/JmC


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