Vous avez l'heure je vous prie?
L'heure de ma mort c'en est fini.
Ma vie s'arrête comme un songe
Aux premières lueurs ronge
Tout à fait sur le rebord
Le sommeil lourd et ivre-mort.
Et quelle odeur a ce soupir
Qui s'exhale au bord d'en finir
Des gorges moites et putrides?
Le goût du sort et l'air du vide.
Parmi les affres du vécu
Reste sculpté tel un écu
Sur le portrait de ma mémoire
Les traits limpides et rasoirs
De son visage inéluctable.
L'amour m'a pendu à un câble.
Prisonnier sans barreaux, artiste sans ses sens;
Suicidaire sans mots, concept sans essence.
La vie m'avait laissé, l'espace d'un sourire,
Effleurer d'un espoir la vision de son rire.
Etincelles de joie, instants de paradis,
Ma vie n'est désormais qu'une fuite infinie
Depuis que son iris éclaire mon futur.
Je bois du rhum aux larmes, le supplice est plus sûr.
Chaque mot prononcé est un pieu planté
Dans le bleu de mon âme, maculée d'ambre usée.
Puisqu'on ne peut me lire la date qui expose
Aux cieux mon long voyage, j'augmenterai la dose.
Je suis mon propre diable et prends dès à présent
L'ultime décision d'y verser tout mon sang.
Les aiguilles alignées, derrière moi la douleur,
Je pénètre à plein coeur en ces mers de doux leurre...