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Le jardin de Saguenay
poetry [ ]

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
by [Reumond ]

2022-10-23  | [This text should be read in francais]    | 








Il existe ici-bas des paysages magnifiques,
Telles des peintures impressionnistes,
Alors, qu’en sera-t-il dans l’ici Haut
Quand l’ici-bas déjà
Ruisselle d’ors pourpres
comme un torrent ?

Là-haut comme en bas,
En des ailleurs surprenants,
Il est des éblouissements
En des jardins qui nous attendent avec patience
Et un amour démesuré,
Pour vous surprendre à chaque regard
Et vous couper le souffle à chaque pas,
Tels ces automnes qui se déploient aux horizons
La paix dans l’âme
Comme une grand-messe
Pleine de finesses et de grandes promesses
De vous en faire voir …
De toutes les couleurs.


Je me souviens
De cet été indien au Québec,
Non pas du côté de chez Swann, mais à côté de Chicoutimi,
C’est-à-dire loin de chez moi et de mon plat pays.


Ce n’est pas Giverny bien sûr,
Ma Normandie natale et le Jardin de Monet
Mais j’étais effectivement là,
Au bord du Fjord du Saguenay
Fasciné jusqu’à l’os
Par tant d’or et d’espaces.


J’étais là,
Matériellement parlant,
Et en même temps ailleurs
Comme transporté dans un état second
Entre le Ciel et la Terre.

Et je vous l’assure, sans drogue aucune
Sinon l’unique essence de mes sens,
Et la seule substance de tout mon être,
Le corps enchanté et l’âme traversés
Par un grand sentiment
Océanique,
Avec sa multitude de vagues colorées.


J’étais là,
Sans papier et sans identité
Comme un homme invisible,
J’étais là et ailleurs
Parce que face au sublime
On n’existe plus,
Parce que face à la Vraie Beauté
On disparaît complètement.


Comme si un feu sacré
Prenait possession de vous,
Vous consumant de l’intérieur,
Au cœur de sa brulure
Dans les profondeurs de ses propres flammes;
Comme si vous étiez là, face l’arbre de la Connaissance
Devenus lui-même « buisson-ardent ».


J’étais là et ailleurs,
Face à des feuillus pleins des teintes les plus nuancées,
Et des plus délicats mélanges que la nature puisse
Imaginer et réaliser en une subtile communion alchimique.


Entre l'été indien et la transmutation des feuilles,
J’étais là sans être là
Avec un seul désir
Devenir moi-même « Buisson-ardent » .


J’étais là,
Comme absent à tant de présence,
Mais comme pleinement conscient de tant de Présence,
Au cœur des Ailleurs,
Avec ostentation,
Comme devant un gigantesque Ostensoir
J'étais là malgré moi
Le premier communiant d’un Ciel lumineux
Au-dessus d'un paysage enflammé de couleurs.


Comme durant un concert d’automne,
Au jardin des ors rouges, c’est l’or des Origines qui s’exprime,
Des ors qui se jouent sur la harpe des couleurs,
Dans une musique éternelle
Qui se rappelle à notre pauvre mémoire.

Au jardin,
C’est un hymne à la Nature,
C’est tout l’or de l’imm OR talité
Qui nous dit combien nous sommes éphémères,
Et l’or des OR izons sans fin
Qui tente de nous interpeller,
C’est un Don de surabondance naturelle
Tout comme un présent gratuit,
Une Offrande gracieuse de la Nature
En pleine métamorphose.

Fixée dans l’or
comme la paix se fige dans le silence,
sa lumière est parfaite.

Le Jardin, Il a toujours été,
Comme une gigantesque Icône
Recouverte de feuilles d’or ;
Mais qu’en sera-t-il demain ?

Au royaume des ors, la lumière ne s’éteint jamais !
Parce que le Temps et l’Espace sont sacrés
Chaque saison est un espace que se fait « numineux »
Comme dans une somptueuse scénographie,
Une judicieuse mise à part.

Comme pour nous rappeler un anniversaire,
Tel le présent d’une invisible Présence,
Chaque année, l’or se fait partout présent.

L’automne est déjà là,
Dans une exubérance de couleurs plurielles
Plein de magie et de mystère,
Comme le signe d’une présence oubliée,
Celle d’un milieu divin toujours actuel.

C’est un Jardin où l’or rayonne,
Pour répandre la paix, la joie et l’harmonie,
Une subtile alchimie qui transmute le monde,
Et qui donne et partage sa lumière sans éblouir,
Avec toutes les couleurs privilégiées de l'état de nature.

Sous un ciel azuré qui sait s’adapter,
Les arbres se couvrent de couleurs,
Plus ou moins vives et symboliques ;
Les prairies ruissellent de jaunes divers
Et des ors les plus désintéressés ;
comme des teintes subtiles qui se fondent dans un tout,
Pour se faire le miroir et le pur reflet de
L’entière gratuité des éclats de lumière.


Longueuil, Montréal -1986.

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