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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2009-02-27 | [This text should be read in francais] | Submited by Guy Rancourt
À Yvonne Zervos
Bouche folle ou sage Il te faut parler Bouche ouverte ou close Il te faut rêver Plus haut que ton souffle Paroles paroles pendues Aux plumes vérités des nids Entre les branches dessinées Du mur sans fin de la forêt Les étoiles des œufs s’amassent C’est le bouleau la coquille Et les roues fusées en ailes De douces devenant subtiles Les bouches tremblent de savoir Légère brise sur les îles Et mille plages c’est l’aune Ou le tremble sans rupture La caresse s’éternise Dans ce globe de verdure Piétiné par les oiseaux Il a plus sur les acacias Poitrines que la fraîcheur mêle Seins libérés des jours des heures Tempes marquant un pas fidèle Grand’route éprouvant son pouvoir Une autre nuit que notre nuit La chaleur aveuglante et crue Sûre de retrouver sa force Entre les doigts entre les bras Entre les membres du platane C’est le cyprès sur les tombeaux Et pour tout dire il faut mentir Les mots les morts découronnés Plongent leur ombre dans son ombre Sans sortir d’un sommeil de pierre Vite comblez-moi cette ornière Car une autre ornière vous guette Le plus bel astre perd racine La nuit vous moulera la tête L’if en flammes n’allume rien Le sapin aux lèvres dures Le pin qui sait bien se taire Le noyer à son ouvrage Le tilleul à son parfum Comme un sourd à son silence L’arbre en cercle des voyages L’arbre des sentiers communs L’arbre d’émail roux et blanc L’arbre aux lianes bouillonnantes L’arbre des maisons en ruines Le hêtre aux paniers troués Le frêne aux épaules calmes L’orme redoutable aux hommes Le prisme du peuplier Et le saule au bout d’un fil L’orage honnête s’épuise À contredire l’espace Qu’ils se chargent de combler L’aune envoûte la rivière Le charme adoucit le chêne Le chêne adoucit l’amour Ses os orientent ses veines Le miel dort dans sa fourrure Et la houle de la mousse Recouvre ses vieilles graines L’océan tout est préservé C’est la cloche le chêne sonne Le vent fait battre son cœur Chaque vague chaque feuille Change voit clair et rayonne Les ailes ont quitté le corps De la forêt l’arbre s’envole Il règne de la terre au ciel Il s’éclaircit il prend des forces Il chante et peuple le désert Un plus tendre bois Un miroir plus vert Une seule voix Reflètent l’azur Sous toutes ses faces. (Paul Éluard, Le Livre ouvert II, 1942)
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