agonia
english

v3
 

Agonia.Net | Policy | Mission Contact | Participate
poezii poezii poezii poezii poezii
poezii
armana Poezii, Poezie deutsch Poezii, Poezie english Poezii, Poezie espanol Poezii, Poezie francais Poezii, Poezie italiano Poezii, Poezie japanese Poezii, Poezie portugues Poezii, Poezie romana Poezii, Poezie russkaia Poezii, Poezie

Article Communities Contest Essay Multimedia Personals Poetry Press Prose _QUOTE Screenplay Special

Poezii Românesti - Romanian Poetry

poezii


 
Texts by the same author


Translations of this text
0

 Members comments


print e-mail
Views: 5980 .



Terre, jamais je ne t’oublierai
prose [ ]

- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
by [Félix_Leclerc ]

2013-01-28  | [This text should be read in francais]    |  Submited by Guy Rancourt




Je me souviendrai
que tu étais ronde,
pleine de lait et de miel,
tel qu’écrit dans le livre,
avec des mamelles rondes,
gonflées, pesantes et chaudes
comme celles d’une nourrice,
rondes de partout,
vagues, vallons, collines,
épaules, jambes et croupe,
ronde comme la lune,
comme le blé et l’orge,
l’ongle du petit doigt,
le ventre des chaloupes
et le creux d’une oreille,
ronde comme un violon,
une assiette, une larme,
une baie éternelle avec courbes de sable,
ronde de la montagne,
une femme, une bouée,
la Terre couchée en rond,
dont on a abusé
et,
il faut le dire,
pillé, grapillé les trésors,
par le mari d’abord,
ensuite les enfants,
avec leurs gestes d’anges, l’ont tachée, salie bien souvent,
disons-le, souillée, la Terre,
surtout la nuit, l’hiver, en cachette,
on s’y est mis à vingt, à trente, à mille, à un million d’amants, passants,
on s’est donné le mot : cousins, voisins, marchands,
la blesser, la punir, la vendre,
la pourrir tant qu’on peut,
la tuer, celle qu’on aime et s’en laver les mains.
C’est connu que l’amour, pour le rejoindre,
juste avant la fuite,
il faut piocher, battre, percer…

Un homme sans femme, c’est quoi ?
sans la Terre, un Arabe, c’est quoi ?
et un Noir, et un Blanc
sans la Terre, sans la femme, c’est quoi ?
Qui n’est pas attendu est mort.

Ronde la Terre,
généreuse,
jamais je ne t’oublierai,
toi, ma femme, la Terre.

Île d’Orléans
Janvier 1986
à Juin 1988

(Félix Leclerc, Dernier calepin, 1988, pp. 190-191)

.  |








 
shim Home of Literature, Poetry and Culture. Write and enjoy articles, essays, prose, classic poetry and contests. shim
shim
poezii  Search  Agonia.Net  

Reproduction of any materials without our permission is strictly prohibited.
Copyright 1999-2003. Agonia.Net

E-mail | Privacy and publication policy

Top Site-uri Cultura - Join the Cultural Topsites!