Nous sommes obligés d'apprendre à vivre, seulement après de longues expériences. Jamais, dans l'histoire de la Roumanie, le gouffre, entre les jeunes et leurs parents, n'a été aussi grand que le 20 mai '90. Si la Place de l'Université avait eu un autre sort, nous n'aurions pas été un peuple qui refuse l'avenir, qui se punit lui-même, une nation inconsciente, qui jusqu'à présent n'a pas eu le courage de vivre et qui a fait tout ce qu'il est possible pour rester conséquent à son misérable sort. Qui étaient ceux qui demandaient de la discipline dans les gestes à la Place de l'Université, des expressions réservées et un minimum de violence? La réponse: ceux qui, aujourd'hui, regrettent le plus le résultat des élections "libres" Le désastre de la Roumanie d'aujourd'hui et la résistance des vieux cadres se doivent à ceux-ci.

Le fait que les conservateurs post - communistes aient essayé d'étouffer toutes les affirmations des jeunes, a pris des proportions désastreuses. Des cadavres qui parlent des idéaux, du patriotisme et de la vente du pays. L'intention de sortir de l'impasse se heurte à la dictature atteinte de rhumatisme, au nom d'une démocratie originale. La souche du mal, de la chute et du naufrage de l'existence est représentée par la démocratie de ces communistes. Avec eux, l'irrationalité de la vie devient "substance". Les résultats du 20 mai '90 font preuve de la capacité roumaine de comprendre la vie et ils vont mener à une déficience constitutionnelle. Nous verrons bien.

La séparation radicale entre les intellectuels et les autres sert seulement la gauche. Le caractère tragique de la situation est l'absence d'un courant spirituel unificateur. L'anxiété continuelle mène sûrement vers le chaos et le néant.

Au lieu d'entrer dans un rythme de vie plus trépidante, nous sommes restés à une forme fade de culture, avec des gens intelligents stériles et atteints d'une puissante régression économique due à l'opportunisme et aux "supercheries".

Dorénavant, quelle que soit la surprise ou le réveil, tout est illusoire. Si nous ne frappons pas les conservateurs de toutes nos forces, une période glaciaire post - communiste de silence et misère suivra à grand pas. La façon de vivre des gens d'aujourd'hui est un mélange de résignation et de cynisme en contemplation. Après tant d'éthique et d'équité communiste, qui sait encore ce que signifient l'étique et la morale? Où ont disparu l'enthousiasme pour un esprit jeune et la spontanéité?

La culture représente une diminution de l'irrationnel dans la vie. Pourquoi ne serions nous pas capables de reconnaître le niveau de notre culture? Il est mesuré par l'irrationalité de la vie et par le niveau du développement technique - économique. L'irrationalité, provoquée par la misère, mène à la crainte pour l'avenir. L'impossibilité de vivre au présent favorise l'émigration et ceci serait l'une des réponses, mais pas la seule. La misère a détruit la croyance et la culture. Devant cette misère, ma pensée demeure interdite. Il me paraît que nous nous dirigeons vers une autre sorte d'abêtissement, du côté domestique à un spectacle de cirque.

Dans la nature des choses, après une crise, une renaissance spirituelle de la nation prend plus de place sur le chemin du développement moral et culturel d'un peuple. Mais, comment faire pour que cette renaissance soit une réalité, lorsque notre jeunesse doit se débattre dans la peine et se perdre dans toute sorte de préoccupations médiocres?.

La paresse, l'indifférence et la corruption seront-ils leurs idéaux? Notre jeunesse serait-elle conduite vers l'échec et l'effondrement intérieur? La jeune génération d'aujourd'hui refusera la leçon du suicide politique de leurs parents. Ceux qui n'ont jamais désespéré du destin de la Roumanie ne doivent pas s'approcher de la zone d'engagement de la destiné de ce pays. Ceux-ci doivent être montrés du doigt. Ce sont les conservateurs (dénommés néo…) il y a aussi ceux qui essaient de plaire. (Nous avons de tels exemplaires et la manière dont ils vont finir est évidente). Pour plaire, ils se montrent malléables et ductiles. Ils répondent aux doléances avant qu'elles ne soient exprimées. (voir le prix de l'énergie, le retour des parts sociales etc.) Ils trahissent n'importe quoi pour que les choses répondent à la demande. Les rassemblements et les articles des journaux ne suffisent pas. Les jeunes savent mieux que les conservateurs, que l'essence de la bougie réside dans sa lumière, et non dans la cire qui coule. Cette lumière est dirigée.

L'expérience de la Place de l'Université, a eu l'effet inverse. La conscience s'est réveillée là où quelque chose existait déjà et attendait un cri pour se réveiller.

Des coups frappés à la porte me réveillent de la rêverie. La voix du commandant annonce l'arrivée au port du Bosphore Dans la cabine voisine, Laurentiu vient de préparer le café. Il est 7 h.




note: traduit du roumain d'après le début du "Voiajul" (Le Voyage) de Ioan Mircea Popovici - livre paru chez Muntenia, 1994