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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2005-07-01 | [This text should be read in francais] |
"L'œuvre de Max Rouquette fait sans aucun doute partie de ces trajectoires inspirées, de ces fragments durs et luisants tombés d'on ne sait quel ciel invisible à l'oeil nu et qui n'en finissent pas de nourrir nos rêves et nos doutes."
Philippe Gardy (Max Rouquette, douceur de l'inoubliable) Très liés à l'écrivain Max Rouquette avec lequel ils ont collaboré à plusieurs reprises ces dernières années, les photographes Sylvie Berger et Georges Souche ont choisi parmi son Å“uvre une quinzaine de textes poétiques qu'ils ont illustrés avec leur propre poésie, celle des images. La garrigue, la nature, la vigne, la mer, les reflets, la lumière et la nuit... Autant de sources d'inspiration communes aux trois auteurs, qui nous entraînent avec cette exposition dans une balade à travers un pays d'enfance, de garrigue et de poésie, sur les chemins buissonniers de l'âme. Singulier en son siècle, loin des modes et des engouements passagers, Max Rouquette est l'auteur d'une Å“uvre foisonnante à la dimension universelle. Prose, poésie, théâtre... aucun domaine n'a échappé à sa plume exceptionnelle, et si l'usage de l'occitan auquel il souhaitait rendre toute sa noblesse a retardé sa reconnaissance, il est aujourd'hui unanimement apprécié, bien au-delà de nos frontières. Traduit en plusieurs langues, étudié dans les universités américaines et encensé par la critique, Max Rouquette, dans son propre pays, est paradoxalement méconnu du grand public. Max Rouquette (photo ©G.S) (www.cardabelle.fr) *** La poésie de Max Rouquette : une parole saisie à sa source par Jean-Claude Forêt © L'Å“uvre de Max Rouquette ancre sa continuité dans la fascination charnelle pour une nature à la fois humble et somptueuse, celle de l'arrière-pays montpelliérain, mais marquée du sceau du temps et du néant. Au point qu'on se demande si cette longue entreprise littéraire n'a pas d'autre projet que de saisir le vide et la substance fugitive du temps derrière la présence sereine des choses qui se confondent avec les mots immémoriaux de l'occitan. Un premier pan de l'Å“uvre est formé par les proses poétiques et narratives des cinq tomes de Vert Paradis. Le premier tome regroupe des textes parus en revues (Oc, Calendau), dont le premier, Le secret de l'herbe, introduisait dès 1934 le thème essentiel de la vie minuscule des plantes, des insectes et des oiseaux. Sept d'entre eux ont pour cadre Argelliers ou ses garrigues (et le Larzac pour Le hautbois de neige), dont ils célèbrent la beauté, tragique dans sa fragilité et douloureuse pour l'homme, qui s'en ressent comme exilé. La tâche de l'écrivain sera d'exprimer au plus près ce paradis et cette douleur secrète. Dans ce volume, et plus encore dans le deuxième (1973), plus narratif, le récit relate souvent de longues agonies solitaires et résignées dans la splendeur indifférente de la nature : Cendre mòrta, La Mandra dins lo pesquièr, L'Irange, L'Ataüt de J.-E. Fabre, Una figuièra per Caçòla sont construits sur la mort d'une bête, renard ou insecte, d'un homme ou d'un mas. Les trois autres tomes, Le grand théâtre de Dieu (1986), L'oeil du chat (1987), Les roseaux de Midas (1990) continuent cette interrogation sur le mystère de l'être et du temps. Deux autres volumes, Le Corbeau rouge (1998), Le Livre de Sara (1999), rassemblent en traduction française des textes occitans épars ou encore inédits. La poésie de Max Rouquette procède, dans une forme différente, de la même inspiration que Vert ParadÃs. Le poète tente de pénétrer dans un univers dont l'homme est exclus, l'intimité, par exemple, des bêtes et des plantes, araignée, grillon, crapaud, merle, bruyère et herbe d'eau. Il tente d'entendre et de rendre à son tour, par une parole saisie à sa source, "le chant du monde". Les psaumes de la nuit (1984), qui regroupent en trois parties des poèmes déjà publiés en recueils, s'efforcent de construire avec peu de mots cette musique de silence. Le Tourment de la Licorne (1988) exprime dans son seul titre l'amertume de ce rêve inaccompli. Le troisième recueil, D'aicà mil ans de lutz (1994), continue de méditer sur l'infini de la durée et de l'espace, sur le temps destructeur, sur la matière qui se dissout dans les miroirs et les reflets, dans l'eau, la neige et les nuages, les ruines et les pierres, celles du château d'Aumelas par exemple. La forme poétique reste stable au long de ces trois sommes: une forme brève, avec des poèmes qui excèdent rarement la page et des vers plutôt courts, six, huit ou dix syllabes souvent, réguliers ou libres, parfois rimés dans le premier recueil, une forme souple destinée à capter les inflexions d'une parole qui rêve de se faire silence. De l'intimité des bêtes et des plantes... (photo ©Sylvie Berger) (www.cardabelle.fr) ...à l'infini de la durée et de l'espace photo ©Georges Souche) (www.cardabelle.fr) *** Max Rouquette est également l'auteur d'une importante Å“uvre théâtrale, couronnée en 1998 par la représentation de sa pièce Le glossaire à la Comédie Française. Plus récemment, sa Médée, mise en scène par Jean-Louis Martinelli, a fait une tournée triomphale. Très sensible à la photographie et à la poésie des images, Max Rouquette a publié plusieurs ouvrages en collaboration avec des photographes. C'est le Lac du Salagou, miroir aux cent visages (1996, en cours de réédition), qui marque la rencontre de l'écrivain avec Georges Souche, suivi de LARZAC publié par Cardabelle en 1999. *** Extraits de l'exposition : Les textes choisis pour l'exposition sont empruntés aux trois principaux recueils de poésie de Max Rouquette : - Los saumes de la nuòch (les psaumes de la nuit, éditions Obsidiane, épuisé) - Lo maucor de l'unicorn (Le tourment de la licorne, éditions Domens) - D'aici mil ans de lutz (A mille années lumière, éditions Jorn) ainsi qu'à Vert paradis (éditions de Paris), et LARZAC(éditions Cardabelle) Max Rouquette (photo ©G.S) (www.cardabelle.fr) "Nous passons devant beaucoup de choses sans les voir, inconsciemment nous en gardons l'empreinte, sans nous en douter. Cela reste jusqu'au jour où quelque chose venant de l'extérieur, quelque image plus forte vient frapper à la porte et tout un ensemble en attente trouve là l'occasion d'apparaître parce qu'il est en cooptation parfaite avec cet appel". "Théâtre, poésie, roman, toute oeuvre doit être imprégnée de poésie. J'ai dit imprégnée, je ne veux pas parler de vernis superficiel pour faire joli. Il faut que la poésie fasse corps avec l'oeuvre plutôt qu'elle en émane comme un parfum émane d'une fleur". (Max Rouquette, revue Le Matricule des Anges, 2000) *** La mar La mer Photo ©Sylvie Berger (www.cardabelle.fr) Es, la mar, filha duberta a la vista de tot dieu : s'abeura dins la nuòch a l'agach das estelas e dansa tot lo jorn per temptar lo solelh. (Lo maucor de l'unicorn, éditions Domens ) (Traduction française : La mer est une fille ouverte au regard de tout dieu : elle s'abreuve dans la nuit au regard des étoiles et danse tout le jour pour tenter le soleil Le tourment de la licorne, éditions Domens ) *** Tant m'an languiat Tant m'ont lassé Photo ©Georges Souche (www.cardabelle.fr) Tant m'an languiat las paraulas de vent lo parladÃs de gralhas sul teulat dau mond ambe son bruch de ferramenta qu'a d'oras ai enveja de pas dire mas paraulas qu'a las combas desertas als arnavèsses, a la felze, a la bruga, a la ròca en son pes que de mil ans somiaira sap la vertut e l'espés dau silenci. Segur que siái qu'e mai m'ausigan pas quauqu'un darrièr fai d'eles sas aurelhas. D'aicì mil ans de lutz, éditions Jorn (Traduction française : Tant m'ont lassé les paroles de vent, le babil de corneilles sur le toit du monde, avec son bruit de ferraille que, parfois, j'ai envie de ne dire mes paroles qu'aux combes désertes, aux paliures, à la fougère, à la bruyère, à la roche, en son poids, songeuse de mille ans qui du silence sait la force et l'épaisseur. Certain que si elles ne m'écoutent pas, quelqu'un fait d'elles ses oreilles. A mille années-lumière , éditions Jorn ) *** Source Internet : www.cardabelle.fr |
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