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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2004-09-12 | [This text should be read in francais] |
La rupture entre théologie et monde n’a été qu'un événement sans répercussions. Après l’assassinat de la théologie, faite de manière systématique depuis Descartes jusqu'à présent, on est passé à l’assassinat de la philosophie. De nos jours, être théologien ou philosophe ne dit rien. Les philosophes sont rassemblés avec les écrivains de littérature, en recevant le statut d’essayistes tandis que les théologiens sont rassemblés, pour des raisons pratiques, avec les serviteurs de l’Autel (bien qu’il existe une différence importante entre les deux catégories de « fonctionnaires » de la foi.).
Tout cela ne signifierait rien si on n’arrive pas à la destruction de l’immense contribution apportée à l’humanité par les deux « disciplines » de l’esprit. La tristesse du théologien ou du philosophe qui voit naître un besoin de plus en plus grand de « spécialistes en communication » ne doit pas être petite. Cela signifie, (et les membres de ces métiers tourmentés s’en rendent bien compte) rien de plus que la dissolution de l’essence humaine. L’individu est un être lié de façon indissoluble au mot, il est logoïque (Iustin Popovici). Et cela a été dit par la philosophie bien avant la théologie. Héraclite mettait le logos à la base de la Création (en pleine concordance avec le livre de la Genèse), tandis que Socrate, (et après lui, Platon et ses successeurs) considérait la communication dialoguée avec l’autre comme étant fondamentale pour la découverte de la vérité. Plus récemment, Heidegger avançait comme terme-clé pour son anthropologie philosophique, le terme « dasein », traductible par l’expression « être en ouverture » , en dialogue avec l’autre. Parmi les philosophes plus récents, il faut mentionner aussi Bubber et Sora. Et surtout le principe de l’école philosophique de Noica : « on ne sait qui offre ni qui reçoit » - une définition réussie du dialogue. La théologie chrétienne est elle-même une théologie du Mot. Dès le premier chapitre de l’Evangile de Jean on est mis devant la réalité d’un Dieu Logos qui est devenu Etre humain afin que „l’homme devienne dieu en Lui” (Athanasios le Grand). En passant de saint Jean l’Evangéliste, par Maxime le Confesseur , jusqu’à Dumitru Staniloae, on peut observer l’importance du Mot pour Dieu tout comme pour le salut de l’individu, de la communication entendue comme dialogue et aussi des sentiments qui animent les relations entre la personne humaine et l’Autre, soit Dieu ou Etre humain. Mais surgit une question naturelle : Pourquoi l’intérêt pour la communication de „l’homme récent” attriste t-il de la sorte ? Cet intérêt semble se mettre en continuation des démarches théologico-philosophiques mentionnées ci-dessus. Mais voyons „pourquoi”. Le premier argument est d’ordre méthodologique. L’apparition de certaines „sciences de la communication” est une sorte de geste gratuit caractéristique à notre époque. La communication tient de notre nature humaine. La communication est notre essence. On apprend à communiquer tout comme on apprend à manger. Il ne vient pas d’un manuel mais de l’instinct. De plus, pour quelques existentialistes comme Heidegger (assimilé sans critique par Staniloae – et il savait pourquoi !) „le langage représente la maison de „l’Etre” . Cela représentait aussi la conception des Pères de l’Eglise. Notre Etre humain est en Dieu et provient de Dieu d’après l'Image à partir de laquelle on est créé et vers la ressemblance à laquelle on aspire. Notre Modèle, notre Archétype, notre Archéimage est le Fils de Dieu Lui-même, Dieu le Verbe. (Jean 1.1) Au moment où un aspect de notre existence commence à être disséqué, les problèmes d’interprétation apparaissent naturellement . De la sorte, dans le cas de notre sujet, des pseudo - sciences apparaissent sans mener à rien ou qui, pareillement aux sophismes d’autrefois, produisent de la notoriété et de l’argent pour leurs auteurs. Je me réfère ici aux théories déconstructivistes qui, en anéantissant le Logos, partent à la recherche d’un métalogos inexistant, auquel, de manière paradoxale, ils se refusent, pourtant, au moment où ils ignorent (comme toute bonne théorie postmoderne) la métaphysique,cela prendrait n’importe quelle forme . Le déconstructivisme, la méfiance manifestée par la culture postmoderne dans le langage, très relativisé par des disséminations successives, cela mène à l’apparition d’une faiblesse de l’éthique du langage. Si pour la théologie le Mot vient de Dieu où il est bien Dieu, tandis que pour la philosophie il fait partie de l’être humain où il est un outil de la vérité (l’opposition platonicienne entre mythos et logos), pour la culture récente, le mot détient une moins grande consistance spirituelle qu’un marteau . Pourtant, sa consistance éthique est annulée. Pour les nouvelles sciences de la communication, les techniques de manipulation représentent des processus naturels. On parle de „manipulation positive” avec la relaxation avec laquelle on parlerait d’une fabrique de chocolat, en ignorant le fait que, du point de vue théologique, tout mensonge vient du Diable, „le Père du Mensonge” et du point de vue philosophique, au moment où on sort du Logos, (compris par les Antiques en tant que raison, affirmation véritable) on entre dans le mensonge et l’irrationnel. Mais qu’est-ce que signifient encore pour l’individu postmoderne la philosophie et la théologie ? On pourrait affirmer que le pragmatisme a pris la place de l’idéalisme philosophico-théologique. Mais je me demande : le mensonge est-il tellement pragmatique ? Au moment où on accepte le mensonge comme étant pragmatique et on l’utilise de la sorte, en l’insérant dans les mécanismes de la pensée, on ne peut plus s’attendre à la découverte d’une vérité, qu’elle soit grande ou petite. Et j’ai grand peur du fait que, en allant sur ce chemin de la communication en mensonge (même dans le but, apparemment mineur, de la publicité pour les détergents) on arrive un jour à ne plus savoir si 2+2=4 ou 5. |
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