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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2015-10-12
| [This text should be read in francais]
Je ne veux rien te raconter.
Je vais juste m'imaginer que je vais te prendre tes yeux; Je vais en mettre, un sur la tempe droite, L'autre, à la pointe d'un cheveu. Je passerai le front penché vers les semelles de la pluie, pour que tu ne me voies pas pleurer; tu n'entendras qu'un soupir avec tes iris décolorés par la vacuité de l'air, moulé sur chaque gong gris métallique en do majeur. Lorsque le carrousel s'arrêtera, j'escaladerai le mur de l'église, plus vieux que le premier roi couronné; je casserai les buissons que la main de Dieu y a fait pousser. J'en ferai une couronne pour la tête de l'ange doré, sur la place, qu'il en ait deux Sûrement , sur celle de devant, je mettrai ton oeil qui était dans mes cheveux, Sans le faire pleurer, que les épines ne lui fassent pas mal. Après, j'irai chez Paul, le café en face du Théâtre, boire un chocolat chaud, sous la table Pour te cacher mon regard qui pourrait lui arracher, avec tous ses stucs, Mozart, Molière, Corneille, Racine, Auber, que le monde les oublie, pour faire place aux cailloux, les galets ont trop monopolisé l'Histoire. Quand la pluie se lèvera, j'attacherai mon écharpe sur mon front, je cacherai mes cheveux dans ma capuche et j'entrerai dans la Cathédrale, murmurant mes pensées entre vitraux, statuettes, sons d'orgue en sourdine et... ce silence-là , qui n'appartient qu'aux murs, glacé, les mains tendues vers mes poches; je les entendrai et je grincerai poliment des dents, parce que tu ne sais pas voir, même si tu es avec moi. Je m'assiérai sur la droite... -" Jeanne d'Arc", vais-je chuchoter... en allumant un cierge, à la vapeur duquel je me réchaufferai de tous les maux du temps; j'arracherai le cheveu de ta tempe, et mon sang pétrifiera, un instant, la lumière... alors tes yeux échardes transperceront le mur, glapissant d'impuissance à l'adresse du monde d'en-dehors de toi; plus tard, le mur se refermera avec mon sang, pour n'importe quelle blessure. ...... Le soir tombe doucement. La cloche de la tour me plie le coeur en deux. Les ombres se retirent dans les corps. La pluie lave les blessures de ma tempe et mes cheveux. Ton rire sardonique, partout, se cogne dans les murs; ils ont la forme d'un navire, te dis-je. Tu voudrais les plonger dans quelques grains de sable... Je ne veux rien te raconter. Je veux que tu te lèves. Que tu te réjouisses. Que tu apprécies et que tu pardonnes. Tu n'as pas besoin d'yeux. Ni de moi. Juste (un peu) de ce silence profond, de l'Histoire, qui réchauffe ses longs doigts, dans la vapeur, dans mes poches...
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