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- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - 2004-09-15 | [This text should be read in francais] | Relevante pour tout le romantisme européen, dont il représente ou il traduit les ardentes aspirations vers l'absolu, vers l'union avec le tout, vers l'intégration dans l'unité originaire, la poésie d'amour occupe dans l'oeuvre d'Eminescu une haute place et revêt une signification majeure. Parfois, en lisant ça et là une page isolée du romantique roumain, un lecteur non-avisé serait tenté de croire plutôt à une propension madrigalesque du lyrique. D'ailleurs, le grand publique reçoit en general la poésie érotique éminescienne comme une série de poèmes tristes sur l'amour perdu, remplis de tons mélancoliques d'un automne tardif, de regrets de l'irréalisé et de reproches faits à celle qui n'a pas compris son génie et sa force. Cependant, aborder de telle manière la poésie d'amour n'est qu'une expérience mineure, une tentative non-réalisée sur le plan de l'Eros terrestre. . L'histoire d'amour dans l'oeuvre éminescienne a une signification globale, philosophique, exprimant en réalité une aventure unique de l'esprit et qui fait du poète roumain un des plus profonds romantiques du monde. C'est pourquoi les dissociations de l'analyse ne doivent pas perdre de vue la nécessité d'une référence permanente à une vision de synthèse, chaque page d'amour signifiant un moment dans l'évolution de l'Eros. La poésie, la prose, tout converge pour composer l'image intégrale de la vision de la mosaïque des fragments. . Au Zénith brille l'image-archétype du couple: but, état de perfection, unité reconstituée par l'égalité parfaite de la valeur des deux constituants. Le couple est aussi le début, le but, l'essence, la projection idéale, l'aspiration vers l'absolu, découvrant, grâce à l'amour, la stérile solitude de l'être désacouplé. Le couple ajoute encore une solution à celles qu'indique Schopenhauer pour la libération de sous l'empire de la volonté, c'est à dire l'ascétisme et la contemplation esthétique. L'isolement des amants en dehors du monde refait les forces magiques et créatrices de l'amour car il le soustrait à l'impact nocif du mal. Par l'amour absolu, les membres du couple reprennent des forces de démiurges qui les rendent pareils aux forces primaires de l'univers de la première création. . De courts moments de l'heureuse rencontre et de l'union des amants de l'oeuvre éminescienne apparaissent dans "Césara", où le couple retourne à une innocence édénique dans l'île d'Euthanasius, et aussi dans "Le pauvre Dionis", où la course cosmique et les changements opérés dans le paysage lunaire sont réalisés par le jeune moine assoiffé de connaissance, en compagnie de sa bien-aimée Maria. Dans une image superbe, exotique, les voici tous les deux, lui comme un mage, elle comme une fée, voguant sur les fleuves lunaires et portant les insignes de leur nouvelle puissance : "...souvent, assis dans une barque de cèdre, ils descendaient au gré des vagues soumises du fleuve. Sur l'épaule de Maria chantait un oiseau miraculeux et sur ses genoux reposait le front de son aimé couronné de fleurs bleues." C'est l'état tellement envié et indispensable des relations parfaites, dans l'absolu, entre les membres du couple, relations qui rendent possible "la création" de l'amant de l'espèce la plus haute du monde lunaire. . En poésie il nous semble que chaque pièce lyrique doit être rapportée à l'image du couple comme aspiration permanente, de fond, tant du point de vue ontique que spirituel, comme un sommet idéal. Alors se dessine un diagramme dans le temps où s'inscrivent les hauts des espérances et les bas des déceptions, dominés par un point où se produit la rencontre. . En parlant de la métrique éminescienne, Ibraileanu remarquait une difference qui confirme l'existence de deux directions : la poésie de jeunesse exprimée en trochées et celle de la maturité en ïambes. En réalite, sur la ligne ascendante, se situe la section de la poésie d'amour dans laquelle l'aspiration vers le couple a une force irrésistible. Lui et elle attendent dans une tension bénéfique l'heure propice de la rencontre en la saison fleuri de l'Eros. Dans "Le soir sur la colline" l'avalanche d'images visuelles, auditives, cinétiques, remplit l'espace entre la valée et la colline où se trouvent les amants qui devraient se rencontrer tout en haut, comme sur une montagne cosmique, gardée par un acacia pareil à l'arbre de la vie, à un "axis mundi". Mais la rencontre n'a lieu ni ici ni dans "Le lac" - poème construit comme un lied, sur l'attente romantique - ni dans "La fée des contes", où une fée fait apparaître - par des pratiques magiques - sur la glace limpide du lac, la figure de l'amant, ni dans d'autres poèmes de la même facture, avec les mêmes éléments aquatiques et végétaux. . Les amants ne se retrouvent pas, en dépit des fréquentes invitations lancées tantôt à l'un tantôt à l'autre, dans "Fleur bleue", "Le désir", "Le conte du vieux bois", dans la parfaite liberté naturelle du couple désiré. Une fois, dans "Le conte du vieux bois", l'amant profère l'invitation à une double régression, dans l'enfance et dans le rêve, afin qu'il puisse atteindre au bonheur suprême de la double entrée dans le monde de la nature, du vieux bois mythique, soustrait au temps et au destin. La rencontre du couple n'est donc pas possible dans ce monde (c'est pourquoi la peinture du bonheur n'est que virtuelle, exprimée presque toujours au futur) mais dans un autre ordre, de folklore magique, les héros étant hypostasiés dans le prince charmant et la Fée. Le conte lyrique "Calin") charmante variante roumaine sur le thème du prince ailé, offre une fin heureuse , celle des noces qui scellent avec solennité l'union secrète des mariés, faite toujours sur la rive du lac, topos magique, non plus "le lac bleuâtre où nénuphars jaunes abondent" du poème "Le lac", mais un autre, plus puissant même que celui qui est incanté par une parole de la Sainte Mercredi ou de la Sainte Vendredi dans "La fée des contes", faisant partie de toute une contrée magique d'astrale supériorité, où agissent des forces bénéfiques sans limites. . Le couple heureux se montre aussi dans un beau monde imaginaire où d'inombrables correspondances relient les amants au cosmos en une fulgurante projection d'amour. Dans "L'Epître IV" qui déplore la dissolution du couple, il est imaginé une synthèse de l'amour et de la nature embaumante, dans une douce somnolence, sous les mêmes forces aptes pour les illusions de l'Eros. Des lumières, de doux sons, des parfums, accompagnent l'amour de la châtelaine et du chevalier de l'an 1400 jusqu'à la limite désirée et atteinte, au-delà de la vie et de la mort, où un véritable délire d'amour pénètre tout le cosmos, où les eaux, les sapins, les astres, participent à l'aventure unique des amants, restés seuls dans l'univers. . Mais la superbe page n'est qu'imaginaire, englobant tout, universelle aspiration gravement frustrée, comme d'ailleurs le dit la même "Epître IV" qui parle de la dissolution du couple, de la perte des illusions. La disparition de l'amour et de tout espoir de réalisation amène les images du désordre intérieur, du chaos, de l'hiver, de la folie, de la mort. L'amour énorme, exaltant, qui unifiait l'univers, l'embellissait, l'armait d'harmonies et de joies célestes se retire de l'univers éminescien. La projection lumineuse du couple rêvé disparaît. Les ombres, le noir envahissent la poésie d'amour dans la maturité du poète. La froideur et l'immobilité prennent la place des élans inestinguibles, portant l'amant vers l'heure de l'amour. Tout s'assombrit comme dans "Les fois où mon aimée" quand la lune même s'éteint, devenant une tâche, et le souvenir de l'amour se réduit à un océan de glace. Ici l'oiseau blessé, le peuplier impair, la corne sonnant la mort sont les signaux certains de la solitude irrémédiable, dans une nature vidée et stylisée. D'ailleurs, les procédés de la réduction sont visibles partout dans cette poésie d'atmosphère mais réduite à l'essence, où les couches les plus profondes de l'âme se révèlent. Les sonnets arrivent à des immersions profondes dans le monde des souvenirs exprimés par des valeurs incantatoires d'une rare qualité : "Lorsque même la voix de nos pensées se tait, Quand la chanson d'un doux recueillement murmure Alors j'ose t'appeler... Sauras-tu m'écouter...? Du froid brouillard planant seras-tu la rupture...?" . Différement hypostasiés, les regrets, les reproches, le souvenir de l'amour passé se déroulent dans un temps pesant qui coule impitoyablement vers la fin, vers la mort.La dissolution du couple a agi sur l'univers même, le dissolvant, le jetant dans le chaos. Le héros lyrique d'Eminescu se dirige vers la mort et entame un dialogue avec elle en une véritable marée de l'âme vidée - comme dans "Au dessus des cimes passent". L'héroïne est devenue d'un ange, une Dalila (Epître V). Comme cette confesion dramatique l'affirme, pour le héros l'amour était une nécessité de l'esprit et la femme une adjuvante, un associé dans la création. Déchue de ce rôle de complément démiurgique, elle a fait la preuve d'être non-adéquate pour les envols audacieux du génie créateur, l'a repoussé dans le temps et dans le monde en proie à la folie, à la souffrance, à la mort, transformant son odyssée spirituelle en une pauvre expérience de vie douloureuse, échouée. L'albatros ne suffit pas pour symboliser tout le contenu de l'aventure vécue par le héros éminescien. *** (transmis de Lucia Sotirova) |
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