je penche mon front et mes yeux
je saisis le verre de la main droite
une voix me chuchote : reste
mais je ne reste pas
quelque chose m’aiguillonne
mechatouille mestimule
je prends le verre de la main gauche
je suis prêt pour quelques libations démonstratives
un objet rond comme une métaphore
a roulé sous la table_tapis_lit
a roulé comme une pelote
comme du vif-argent
il m’est resté un bout de fil et de vaisselle dans la main
au bord (à côté) de mon œil magique et vert à demi fermé
comme l’étaient les appareils de radio "estonia" avec un pick up que vous ne connaissez pas
(vous n’avez pas saisi le bon vieux temps)
je lève mon verre des deux mains et je dis :
ô grands dieux bénéfiques à la poésie
recevez ce verre vide (et avalé)
et
donnez-moi une idée nouvelle et parfaite
que j’écrive moi aussi une poésie nouvelle et parfaite
que je les irrite tous de mon talent
accompli

mais d’où me vient cette folie profonde?
je suis un poète sage
je n’ai pas écrit en me moquant, je n’ai pas haché de vers, je n’ai pas fait de rimes fleuries
peut-être que seuls certains ont provoqué la hargne des chiens errants
et leur tranchant m’a saigné les chevilles

(Traduction : Nicole Pottier)